16.7.09

Sophisticated strip

Il y a dans ces nuits
un mirage persistant
de portes très distraites
entr’ouvertes sur vos cils
qui s'agitent sur la courbe
de mes reins comme le souffle
chaud d'un souvenir de vous

Insensibles studieuses
vos longues jambes pendulent
battent le tic-tac
de ces nuits quadrillées
de grands spasmes-miroirs
qui renvoient vos sourires
haute couture sur le fil

d'un instant d'égarement

Suburban flash

... pute

Contrainte : une scéance d'écriture ; Theme : "On prend pas de poésie et pas de textes de tarlouze"


Il y a trois jours. Le long des ruelles éclairées aux néons l'asphalte rendait une lueur vitreuse sabrée d'ombres passantes, quand j'aperçus la silhouette d'une pute vêtue de plumes.


- Oh putain ! Math ! Mathilda vieille folle !

- Ben tiens, Lou, mon chou. Qu'est-ce que tu fous dans ce merdier ?

Mathilda, anciennement Mathieu, travelot parisien avec qui j'ai passé quelques folles soirées voila quelques années, toxico notoire, la caricature du trav. extraverti en fin de carrière, un amour.

Comment dépeindre Math en tenue de soirée ..? prenez un cacatoès de l'espace moitié déplumé, tartinez le d'une bonne dose d'exotisme parisien, voilà l'travelot.

M'invitant à la suivre d'un geste de la main, elle entame le récapitulatif des années manquées, spleen de vie voguant de déshérences en extraits de printemps, folie ordinaire pour une pute ordinaire. Je la laisse marcher quelques pas d'avance, écoutant sans trop entendre, yeux rivés sur sa petite démarche chaloupée, ses jambes effilées, resserrées dans un jupon de mauvais genre. Je la trouve classe comme ça.
Les souvenirs me reviennent peu à peu, son haleine chaude et timbrée, son orifice légèrement triangulaire, attrayant dans sa couleur chair de cerise-mûre, lui aussi à dû en prendre un sacré coup depuis le temps. Cette femme me plait, elle m'a toujours plu.

Nous avons passés la nuit à arpenter les quartiers d'autrefois devenus crades et mal fréquentés ; s'amusant des souvenirs abandonnés sur ces sols fatigués. Rehaussant notre ballade nocturne de quelques verres ici et là, de quelques rails aussi.

Au matin, tout frétillants de dope au sortir d'une nuit d'antan, nous étions beaux à voir. Elle m'a refilé son numéro, m'a embrassé légèrement et s'est tirée. Me laissant en face à face avec un de ces clodos des quartiers riches venu exhiber son walk-man à la vue des travailleurs, pauvre con.

Ce matin c'est elle qui m'a rappelé, prétextant un surplus de gains la nuit passée, accompagné d'une folle envie de se défoncer en société.

A présent je referme la porte de sa chambre, l'âme déconstruite à la perspective des prochaines nuits d'insomnie.

Héroïne sweet héroïne ; et merde.

Sur les ondes, les poumons ravagés par la maladie, Hank Mobley joue son dernier morceau.

Epitaphe

ami voici ton soir
Epousailles en noir
où Perdure la rumeur
Criarde de tes valeurs

Résonances
d’une cécité mûre
d’aucune parjure
Redondances

Ordinaires

On se revoit un peu plus tard
vieux roublard

Post-it

On ne nivelle pas un désert
Sans en prendre le temps

Sur l'ivoire de ton corps

D'une humilité-crasse suffisante
à pleurer ses désillusions

j'ai percuté tes dents tes riens
à grands coups de poings aigre-laids

à t'en arracher des beuglements
(plutôt jouasses)

de rires inspirés
en rafales polychromes

mêlée de sang de mien
sur les touches carbonées de tes tourmentes

ont perlé quelques gouttes
de cris éructés
en orgasmes incendiaires

...

Dans la fumée graisseuse
de mon sexe échaudé

ma raison s'évacue

un peu sur la droite
un peu sur la gauche

et ton immobilisme toujours

à vomir sa soumission
en petites touches chaudes

sur l'ivoire de ton corps

Contreclasse

Sur le sol nacré des goudrons mégotés j'aime archet sur ton corps en petits crépitements sourds sous l'exactitude d'une fuite de croches.. et tes basses effilées au halo des pensées réverbères


.


.


.


inondant
de nattes
de crème
écho dans la rue sans couleur

Premier sous sol

Empanaché de la première porte
Au pas cadencé des cambrures compulsives


Je te dirai


L'errance stationnaire de nos corps
Sur le parvis des illusions
En l'instant d'une séparation inassouvie
Et sans un souffle pour le temps égaré


Je te dirai


L'Amour fou en trois mots, quatre syllabes

Ô

Etrange solitaire

Eperdue dans ses manières...

Etre là n’y suffit.

Une caboche incertaine
S’est ouverte un grand vide

Ô

Un étron de l'espace !...

Tu es belle et tu sens bon

Petite fille aguicheuse
ou vielle gueuse
qu'importe

tes désirs, mes réalités
et la nuit pour portée
sans concessions
sans envergure
sans illusions
ni parjure
et ton cœur
à emporter
je ne prends

que cent balles la passe

rien de plus
rien de moins

Dirty twilight

Le long de ruelles éclairées aux néons
l’asphalte rend une lueur sabrée d’ombres passantes
glacis surréaliste d'une cécité mure
étincelant de swing à l'orée d'une basse-night

cymbals sugest

l'échappée anthracite des résonances nocturnes
s'écoulant ivre-noires en rafales polychromes

une ivresse érectile attisée par l'odeur
de squares en créance
de coins de rue incertains

so madly drawn


la muse saxo-phage s'acoquine
l'onctuosité hâve du jazz-man

un cheveux blanc sur le sein d'une brune
frémissant d'agonie au doigté-pianotant

slowly and gone

entrevue distinguée aux ardeurs allusives
complaisance inaudible
séduite et lovée

dans la vaste brume des résonances solitaires
les bas fonds de l'indiscrétion s'enfument à petits traits